La mine d’or des French Agtech et Foodtech intéresse les députés. Aussi, les acteurs étaient invités par les députés de la commission des Affaires économiques (présidée par Roland Lescure) pour présenter les start-up de l’alimentation et de l’agriculture. Retour sur cet après-midi d’auditions avec quelques verbatims sur les principaux enjeux discutés avec la Représentation nationale. Une exclusivité Foodtech.Space.
Paolin Pascot
Fondateur d’Agriconomie et de la Ferme Digitale
« Aider à la transition vers une agriculture différente : plus respectueuse de l’environnement et plus proche des attentes des consommateurs »
J’ai fondé il y a trois ans Agriconomie pour permettre aux agriculteurs de mieux acheter leurs engrais, leurs semences, leurs outils d’atelier. À trois en 2014, nous somme désormais 60 et nous avons généré l’année dernière 20 millions d’euros de volumes d’affaires. Nous nous alignons pour 2017 sur un objectif de 36 millions.
On se bat pour nos agriculteurs, pour les aider à la transition vers une agriculture différente : plus respectueuse de l’environnement et plus proche des attentes des consommateurs. Il y a un an et demi, nous avons fondé la Ferme Digitale, association qui fédère aujourd’hui 30 start-up en France ; et nous nous ouvrons à l’international. Notre but est de promouvoir l’innovation et le numérique pour une agriculture plus performante et plus durable. Nous souhaitons rapprocher l’agriculture du consommateur. Nous sommes confrontés à deux gros sujets. D’une part, les agriculteurs sont souvent enfermés dans un système qui leur empêche d’innover ; de l’autre côté, le consommateur veut consommer différemment mains ne trouve pas toujours chaussure à son pied.
Notre enjeu et notre message est très simple. En France nous avons parmi les meilleurs agriculture – techniquement et agronomiquement. Les consommateurs se posent les bonnes questions – il suffit d’ouvrir Google Trend pour l’observer. Le modèle en place freine les innovations ; et il ne permet pas aux agriculteurs de retrouver une certaine indépendance pour migrer vers une nouvelle agriculture.
Citoyens et élus doivent trouver des solutions pour rendre aux agriculteurs le pouvoir d’indépendance et d’innover. Il faut parler à tous les acteurs de la chaîne ; le système coopératif est bien structuré et accompagne la croissance des besoins agricoles. Mon seul message, est qu’on a une pépite d’or dans les mains ; notre agriculture peut être parmi les meilleures au monde.
Nous allons faire face à une concurrence accrue ; les géants indiens et chinois vont investir en Afrique. On doit trouver l’axe stratégique qui nous permette de créer de la valeur sur ce marché.
Jean-Baptiste Cuisinier,
Président du directoire de Capagro
« Financer une alimentation plus proche et plus transparente. »
Capagro est le seul fonds de capital-risque en France sur le secteur de l’agtech. Nous avons beaucoup d’innovations et de mécanismes d’amorçage du prototype au premier produit. À ce titre, Bpifrance et les collectivités sont présentes ; mais ensuite, il faut trouver environ 10 millions d’euros de capitaux propres – alors qu’il faudra 4 ou 5 ans pour amortir. Le fonds de Capagro compte environ 120 millions d’euros et est abondé, entre autres, par Bpifrance, le groupe Avril, Tereos et deux groupes financiers proche du secteur agri/agro : Crédit Agricole et Groupama. Nous comptons également Agromousquetaire, ce qui est intéressant puisqu’il s’agit d’un groupe qui intègre de la production à la distribution. Capagro est encore seul en France, et nous sommes deux en Europe.
Cette classe d’actifs a des difficulté car c’est un type de financement long, et intensif en capital ; or il y a un marché mondial qui représente actuellement 4 milliards de dollars. Nous avons reçu plus de 500 dossiers et nous avons investi dans une quinzaine de dossiers – dont Agriconomie qui est une de nos pépites.
Pourquoi une telle croissance de ces investissements ? Il y a la conjonction de trois gros axes : la digitalisation ; les progrès dans la biologie et la maîtrise du génome ; la demande de la collectivité, du public pour une alimentation plus respectueuse de l’environnement, plus proche et plus transparente.
L’objectif est d’associé plus de productivité à meilleure qualité avec moins de pesticides, moins d’insecticides, moins de fongicides. Le grand défi alimentaire n’est pas dans le domaine des corps gras ou des sucres, mais dans le domaine des protéines avec un risque de déficit fondamental d’ici 20 ans. Nous investissons également dans la chimie verte (notamment les plastiques végétaux) ou encore dans l’énergie verte avec le remplacement des carbones fossiles.
Plusieurs députés sont intervenus à cette occasion, ce qui témoigne d’une réelle dynamique en faveur de l’agtech et de la foodtech françaises. Petit focus sur ces parlementaires (par ordre d’intervention), engagés en faveur des nouveaux modes de production alimentaire :
Roland Lescure, député REM (depuis le 21 juin 2017) :
- Élu de la 1e circonscription des Français établis hors-de-France (États-Unis & Canada) ;
- Président de la commission des Affaires économiques ;
- Cosignataire de la proposition de loi de Marc Fesnau sur la gestion des milieux aquatiques.
Anne-Laurence Petel, député REM (depuis le 21 juin 2017) :
- Élue de la 14e circonscription des Bouches-du-Rhône ;
- Secrétaire de la commission des Affaires économiques ;
- Secrétaire de la mission d’information sur les produits phytopharmaceutiques ;
- Elle a interrogé le Gouvernement sur le faible nombre de projets alimentaires territoriaux (hop ! par ici).
François Ruffin, député LFI (depuis le 21 juin 2017) :
- Élu de la 1e circonscription de la Somme ;
- Secrétaire de la commission des Affaires économiques.
Richard Ramos, député MoDem (depuis le 21 juin 2017) :
- Élue de la 6e circonscription du Loiret ;
- Membre de la commission des Affaires économiques ;
- Cosignataire de la proposition de loi de Marc Fesneau sur la gestion des milieux aquatiques (hop ! par ici).
- Il a interrogé le Gouvernement sur les objectifs des états généraux de l’alimentation (hop ! par ici).
Barbara Bessot-Ballot, député REM (depuis le 21 juin 2017) :
- Élue de la 1e circonscription de la Haute-Saône ;
- Membre de la commission des Affaires économiques ;
- Elle a interrogé le Gouvernement, d’une part sur la fiscalité des TPE/PME (hop ! par ici) et d’autre part sur les différences garanties entre les labels « bio » mondiaux (hop ! ce sera là).
Dominique Potier, député NG (depuis le 20 juin 2012) :
- Élu de la 5e circonscription de la Meurthe-et-Moselle ;
- Membre de la commission des Affaires économiques ;
- Auteur du rapport au Premier ministre Manuel Valls (2014) ayant conduit à la mise en place en plan Écophyto II ;
- Il a interrogé le Gouvernement sur le déploiement des moyens pour l’agriculture biologique (hop ! par ici).
Jean-Baptiste Moreau, député REM (depuis le 21 juin 2017) :
- Élu de la 1e circonscription de la Creuse ;
- Membre de la commission des Affaires économiques ;
- Rapporteur pour avis PLF 2018 (alimentation / agriculture) ;
- Membre de la mission d’information sur les produits phytopharmaceutiques ;
- Cosignataire de la proposition de loi de Marc Fesneau sur la gestion des milieux aquatiques (hop ! par ici).
- Animateur du groupe de travail « Agriculture » au sein du groupe REM.
José Evrard, député NI (depuis le 21 juin 2017) :
- Élu de la 3e circonscription du Pas-de-Calais ;
- Membre de la commission des Affaires économiques.
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REM : groupe majoritaire « La République en Marche »
LFI : groupe d’opposition minoritaire « La France insoumise »
MDM : groupe de la majorité « Mouvement démocrate »
NG : groupe d’opposition minotaire « Nouvelle Gauche » (courant principal : socialisme)
NI : non-inscrit dans un groupe parlementaire (indépendant)