Avec une croissance démographique incontrôlable à l’échelle mondiale, nourrir toute l’humanité va être un défit qui va s’imposer dans les années à venir. Avec une population de 9,8 milliards d’habitants à l’horizon 2050 (selon l’ONU), 765 millions de personnes qui souffrent de la faim dans le monde en 2016 et la population africaine qui devrait tripler dans les 30 prochaines années, il n’est pas difficile de comprendre que l’humanité va devoir redoubler d’effort afin d’éviter la catastrophe.
Tous les regards se tournent vers l’occident
La solution viendra forcément (totalement ou en grande partie) de l’occident. Car elle représente 950 millions de personnes mais consomme comme 2,5 milliards, car la plupart des grandes entreprises de l’agroalimentaire sont américaines ou européennes, car 40 % des aliments disponible aux États-Unis sont jetés selon une étude parue dans la revue scientifique PLOS One en 2009… Et la liste est longue.
Il faut savoir qu’à l’heure actuelle nous produisons assez pour nourrir les 7 milliards d’habitants sur terre. Malgré cela, une personne sur 6 se couche le vendre vide. Pendant ce temps là, des pays comme les Etats-Unis se gavent au point d’avoir un adulte sur deux de diabétique et un taux d’obésité atteignant 36% de la population.
Dernièrement, l’agence Interbrand (Groupe Omnicom) a révélé le classement Best Global Brands 2017, littéralement les entreprises les plus puissantes de la planète. Et sans surprise, la quasi totalité des entreprises de l’agroalimentaire qui y sont présentes sont occidentales : Coca-Cola, Budweiser, Nescafé, Kellogs’s, Danone, Nestlé, Starbuck, Heineken, Sprite, Corona, Smirnoff, Moët. Soit deux entreprises françaises, cinq américaines, deux suisses, une hollandaise, une mexicaine et une russe (faisant figure d’exception).
Cette suprématie, ce gaspillage et cette surconsommation de l’occident peut-elle durer ? Notre cœur nous dit que non, mais dans les faits les famines se suivent et aucun changement n’opère. Combien faudra-t-il de mort pour que nous réagissions ? Notre conscience le permet-elle toujours ?
Les causes de la famine dans le monde
Comme nous allons le voir, il existe plusieurs raisons qui expliquent la faim dans le monde. Elles sont toutes, plus ou moins, liées les unes aux autres :
- La pauvreté : Dans un monde capitaliste où tout produit ou service a un prix, les denrées, pourtant de bases, le sont aussi. Pour une personne pauvre la célèbre (et triste) expression « pas de bras pas de chocolat » prend tout son sens. La pauvreté est aussi un fatal cercle vicieux que nous pourrions vulgariser ainsi : « pas de nourriture, plus de vulnérabilité, moins de compétitivité » ou ainsi « pas de sous, pas d’engrais, pas de matériel et moins de rendement pour les pays en développement ». Les pauvres ont faim, et leur faim les enferme dans leur pauvreté…
- Le manque d’investissement dans l’agriculture : Comme nous venons de le voir précédemment, la pauvreté est aussi fatal pour la productivité agricole. La plupart des pays en développement manquent de routes, d’infrastructures, de technologies mais aussi d’un élément de base dans l’agriculture : l’eau. Tout ceci concours à limiter le rendement agricole et l’accès à la nourriture.
- Les catastrophes climatiques : Il faut noter qu’une grande partie des pays pauvres se situent dans des régions arides (notamment en Afrique et en Asie). Il faut également mettre en avant que les catastrophes naturelles comme les inondations, les tempêtes tropicales ou les périodes de sécheresse se sont accélérées ces dernières années.
- La pollution : Directement en lien avec le point numéro 3, nous polluons trop. Et tant que nous ne réduirons pas nos émissions en gaz à effet de serre, le climat continuera à se dérégler et les catastrophes climatiques vont s’intensifier. Et les régions les plus touchés sont des zones où la famine fait le plus de dégât. Nous pensons notamment à Haïti qui ne cesse de subir des ouragans de plus en plus puissants, en lien avec le dérèglement climatique actuel.
- Le gaspillage : Selon la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), un tiers de la production alimentaire destinée à la consommation humaine est perdue. Le plus terrible étant donné qu’une majeure partie de ce gâchis vient de pays industrialisés où la malnutrition est la plus faible.
- La guerre : Dernière cause, les conflits. Ils perturbent la production agricoles et imposent des déplacements de population conduisants à des situations d’urgences alimentaires. Les premières « guerres de l’eau » ont déjà eu lieu…
Comment la foodtech peut-elle améliorer les choses ?
Meilleure productivité, réduction de l’utilisation de produits chimiques, moins de gaspillage, plantations intelligentes… Nos chers startupers ne s’avouent pas vaincus et redoublent d’imagination pour améliorer l’agriculture et la production alimentaire. Nous sommes persuadés que parmi ces milliers de startups certaines, si ce n’est toutes, vont révolutionner notre façon de consommer et de produire et d’une certaine manière aider à lutter contre la fin dans le monde.
C’est pourquoi nous souhaitions mettre en avant des start-ups de la foodtech française.
Des champs connectées
Plusieurs start-ups ont étudié la problématique du rendement et souhaitent connecter les champs et y apporter de nouvelles technologies. Comme nous avons pu le voir précédemment, certaines des causes de la faim dans le monde sont l’investissement agricole, la surpopulation mondiale et les catastrophes météorologiques. En effet, plus il y aura de bouches à nourrir plus nous devrons gagner en efficience dans nos cultures. Ces améliorations pourront notamment palier aux difficultés météorologiques en les anticipants ou améliorer les cultures en milieux difficiles (zones arides ou inondables par exemple). Voici quelques exemples de start-up française de la foodtech qui proposent des solutions plus qu’intéressantes :
- Airinov et ses drones accompagnent déjà plus de 10 000 agriculteurs à travers le monde. Des capteurs embarqués sur drones permettent de récolter des données primordiales aux agriculteurs (azote, biomasse, cartographie du champs…). Les utilisateurs s’en serviront pour traiter au mieux leurs parcelles et surtout améliorer leur rendement et éviter les pertes. En savoir plus
- Une autre startup qui connecte les champs est Weenat. Elle propose des capteurs connectés pour une agriculture de haute précision. En effet, ils permettent d’améliorer le rendement des cultures notamment en offrant des données en temps réel aux agriculteurs. Ils pourront ainsi être accompagnés dans des décisions stratégiques telles que l’irrigation, la prévention météo ou de mieux gérer les besoins en intrants. En savoir plus
- Bilberry, start-up de la région parisienne, utilise un ingénieux système de caméras embarquées sur les véhicules agricoles, plus exactement sur les rampes du pulvérisateur. Ces caméras sont reliées à un ordinateur de bord qui va détecter les adventices (plantes qui pousses dans un endroit sans y avoir été invitées) et piloter la pulvérisation du désherbant en temps réel. Ainsi, la pulvérisation se fait seulement là où il y en a besoin et non sur l’intégralité du champ. En savoir plus
- Agroptima est une application mobile développée par des agriculteurs ainsi que des agronomes en Espagne. Elle permet, grâce au cloud, de grandement améliorer la gestion des exploitations à distance et leur rendement. En savoir plus
Cultiver partout, partout !
Aujourd’hui nous cultivons surtout en plein air. Mais depuis plusieurs années il a été prouvé qu’il est tout a fait possible de mettre en place des cultures dans des endroits improbables tels que dans des hangars, des conteneurs ou sur les toits de Paris. Culture Indoor ou culture hydroponique, les dernières technologies permettent de faire pousser hors sol, avec peu d’eau et sans le soleil. Tout ceci est rendu possible grâce aux dernières avancées technologies comme par exemple les derniers éclairages basse consommation led/UV, l’amélioration du rendement des panneaux solaires ou les climats artificiels. Les avancées en hydroponie n’y sont pas pour rien également. Faire pousser de la salade dans des conteneurs au milieu du Sahara ou de l’Arctique sera peut-être possible un jour ! Voici quelques start-up et scientifiques qui ont déjà commencé à explorer tout cela :
- Hydropousse est une ferme urbaine d’intérieur situé à paris. Lancée en 2017 par Audrey Bonneil et Xinhui Xu. Il y est cultivé des micropousses et des herbes aromatiques pour des chefs cuisiniers et des particuliers (tournesols, pois vesrt, radis, moutarde, roquette, coriandre, betteraves, basilic…). Ce concept présente plusieurs avantages : production hyper locale et n’importe où, réduction du transport et donc de la pollution, économies d’énergies, production sans OGM ni pesticides. En savoir plus
- Agripolis est une start-up parisienne émergeant d’une observation simple : il y a de nombreux toits et terrasses non exploités dans la capitale et où il serait tout à fait possible d’installer un potager et/ou un petit jardin. Partant de ce constat, Agripolis propose de développer l’agriculture urbaine grâce à une technique simple à mettre en place et ne nécessitant aucune mise-en terre et aménagement : l’aéroponie. Grâce à cette technique, Agropolis réussit à faire pousser les racines des plantes dans l’air d’un circuit fermé et le tout sans pesticide. Soyez tranquille, grâce à ce système, l’eau et les nutriments ne sont jamais en contact avec les particules fines qui peuvent se trouver dans l’air parisien. Les entreprises et organisations mettent à disposition leurs toits ou terrasses et n’ont besoin de s’occuper de rien : Agripolis installe et exploite les fermes urbaines. En échange, elles reçoivent la récolte contre une redevance ou elles s’abonnent aux paniers de fruits/légumes proposés par Agripolis. En savoir plus
- Farm box est une audacieuse startup de la foodtech rennaise lancée en 2017 par Fabien Persico. Elle propose de concevoir des fermes urbaines sur-mesure. Selon l’entreprise, le taux de rendement de ses Farm box est 200 fois supérieure à l’agriculture traditionnelle. Les box sont en fait des conteneurs entièrement équipés pour la culture indoor avec des led UV et des plantes en pots panier. Les avantages sont nombreux. Par exemple la réduction du circuit de distribution (les boxs peuvent être installées en ville, à proximité du consommateur) ou la non-dépendance aux saisons et aux conditions climatiques. Tous les fruits et légumes sont garantis sans pesticide, sans herbicide, avec aucun OGM et sans aucun produit chimique. Les semences et composts sont certifiés biologiques. En savoir plus
Des applications pour mieux manger
En occident nous mangeons en trop grande quantité mais aussi trop gras, trop sucré… Et cela vient avec son lot de problèmes de santé que nous connaissons tous. Mais le plus gênant dans tout ça, comment un américain peut-il ingurgiter jusqu’à deux ou trois fois ses besoins nutritionnels journaliers pendant que des pays crient famine ? Certaines applications et startups souhaitent améliorer cette surconsommation en proposant un accompagnement des consommateurs dans leur quotidien.
Pixorepas est une application qui accompagne ses utilisateurs dans leurs repas au quotidien. Au programme : recettes, plannings hebdomadaires et listes de courses interactives. L’objectif de celle-ci est clair, rééquilibrer l’alimentation de ses utilisateurs, donc réduire au stricte nécessaire l’alimentation quotidienne.
MyFitnessPal est également une application qui permet de réduire son nombre de calories. Créée par UnderArmour, la marque de sport américaine, elle a pour objectif de faire perdre du poids et de réduire sa consommation quotidienne pour atteindre l’équilibre alimentaire grâce à la plus grande base de données Alimentation et calories au monde.
Des applications pour réduire le gaspillage
Car oui le gaspillage est clairement un des fardeaux du XXIème siècle. Plus particulièrement en occident, mais pas seulement, une grande partie des nouvelles générations n’a pas conscience de ce gaspillage et le même rapport qu’avaient nos ancêtres face à la nourriture. Il n’y a qu’a voir le faussé aujourd’hui entre les grand-parents et les petits enfants dans le rapport avec le gaspillage alimentaire. Que s’est-il passé ? Faute au capitalisme et à la sur-consommation ? Certains acteurs pensent qu’il est grand temps de rééduquer l’humanité face au gaspillage.
Too Good To Good est une application française qui a décidé de lutter contre le gaspillage alimentaire. Elle propose aux commerçants de mettre en ligne les plats et aliments qui vont bientôt périmés moyennant réductions et ristournes. Le consommateur qui lui a besoin de manger dans l’immédiat ne peut qu’être gagnant en utilisant cette application (pour peu qu’il mange immédiatement). En savoir plus
Comerso est une entreprise spécialisée en « logistique du don » comme l’explique son fondateur Pierre-Yves Pasquier. Elle propose de récupérer les invendus non périmés des enseignes de la grande distribution et de les redistribuer à des associations comme les Restos du Cœur, le Secours Populaire et la Banque Alimentaire. En savoir plus
Les Frigos Solidaires sont des réfrigérateurs mis en libre service à travers la France par l’association et des personnes acceptants de les accueillir. Commerçants et particuliers peuvent y déposer des denrées alimentaires. Tout le monde peut ensuite venir se servir. L’humoriste Baptiste Lorber en est l’ambassadeur. En savoir plus
Et de nouveaux aliments
Jimini’s est un nouvel acteur de l’agroalimentaire qui ne propose que des produits à base d’insectes. Aussi farfelue que cela puisse paraitre en France, dans de nombreux pays à travers le monde les insectes sont quotidiennement consommés, notamment dans certains pays d’Afrique. Les insectes ont l’avantage de réduire l’impact environnemental de notre alimentation et leur production consomme peu d’eau et de ressources naturelles. En savoir plus
Bord à Bord La France possède un retard très conséquent sur les pays asiatique, et plus particulièrement la Chine et le Japon, sur la production d’algues comestibles. Pourtant elle possède une des régions les plus prolifiques en termes d’algues : la Bretagne. Facile à produire, peu énergivores, très caloriques et bonnes pour la santé, elles ont tout pour s’imposer comme l’aliment miracle du XXIème siècle. Bord à bord est un acteur breton proposant des produits à base d’algues pour le grand public et les chefs. En savoir plus
Conclusion : Les nouvelles technologies ne pourront rien sans une politique mondiale d’éradication de la faim
Comme nous avons pu le voir, de nombreuses problématiques pourront être palliées, ou au moins accompagnées, par les start-up et l’industrie agroalimentaire. Malheureusement cela ne suffira pas, un certain nombre de causes de la famine dans le monde devront être réglées par les états et/ou l’ensemble de la communauté internationale. Les guerres et le réchauffement climatique sont deux défis qui auront une importance cruciale dans ce combat du XXIème siècle et face à un tel défit les startups, même les plus motivées ne pourront rien y faire sans une prise de conscience internationale.